Une inspiration d’Elliott Erwitt

C’est souvent dans des registres variés de la profession, notamment le documentaire, la photo de mode ou le portrait, que le photographe de mariage puise son inspiration.

Pour ce qu’il en est de mon approche personnelle, il est clair qu’elle est influencée par les photographies de Elliott Erwitt, dont les racines sont fermement rattachées à la photographie de rue. D’un bout à l’autre de la planète, toujours avec un charme et un humour incomparables, il n’a de cesse de capturer les hasards insolites du théâtre de la vie humaine, moments uniques glanés sur les boulevards des villes, dans les musées ou à la plage. La publication de “Personal Exposures”, premier livre rétrospective de ses images, me donne alors la chance de vraiment découvrir l’oeuvre, qui fait de lui une icône de la photographie contemporaine.

En voici extraits deux “clichés mariage” où sont brillamment illustrées d’une part, cette abilité unique d’Erwitt à observer, tout comme, peu importe le contexte, son talent à nous faire sourire, sa véritable signature photographique.

Siberia 1967 © Elliott Erwitt
Siberia 1967 © Elliott Erwitt

New Hampshire 1958 © Elliott Erwitt
New Hampshire 1958 © Elliott Erwitt

Ceci dit, c’est une photo de caractère tout à fait différent qui m’a inconditionnellement marqué dans son livre. En effet, c’est à l’image de la page de couverture que mon regard a été immédiatement scotché.
Elle montre le reflet des visages d’un couple, saisi par Erwitt dans le miroir de leur voiture, alors que les deux s’embrassent dans la lumière d’un soleil couchant au bord de mer.

California 1955 © Elliott Erwitt
California 1955 © Elliott Erwitt

Tant d’éléments dans cette photo ont capturé mon imagination. Tout d’abord, son allure pour ainsi dire cinématographique, la faisant incarner la plus parfaite des images romantiques, mais également l’atmosphère douce et magique qui s’en dégage, révélée par l’harmonie du grain et des formes. Par dessus tout, j’ai été impressionné et intrigué de savoir comment un photographe avait réussi à dérober un instant, à l’évidence, si intime, sans se faire remarquer.

A supposer que l’image ait été mise en scène, comme il a été reconnu plus tard que c’était probablement le cas, se dégage non moins de celle-ci un sentiment puissant d’immédiateté et d’authenticité. C’est précisément en raison cette force, qu’elle est naturellement venue s’ajouter à la base d’images que j’ai constituée dans ma mémoire photographique au fil des ans. Une vingtaine d’années après sa découverte, elle a été source d’inspiration pour l’une de mes photographies de mariage !

photo-reportage-mariage-nantes-voiture

En effet, dès que j’ai vu la voiture d’époque avec son rétroviseur de forme arrondie, j’ai pensé à l’image d’Erwitt. J’ai saisi l’instant qui s’offrait à moi pour cadrer les nouveaux mariés, juste arrivés sur leur lieu de réception, dans l’intimité d’un moment de tendresse, avant qu’ils ne soient plongés dans l’ambiance festive du cocktail au milieu de leurs invités.

Contrairement à Erwitt, j’ai fait le choix de la couleur (je travaillais à l’époque en argentique) car cela me semblait plus pertinent pour capturer la légereté de l’ambiance romantique de ce moment particulier.

Plusieurs fois par la suite, j’ai tenté des variantes de cette idée mais sans que je puisse l’expliquer, cette image initiale demeure ma réinterprétation la plus naturelle et la plus expressive de l’indémodable California Kiss d’Erwitt, saisi en 1955.

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